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« Spécialiste du deuil? Vous m’en direz tant! »

Est-ce qu’être parent nous donne un diplôme de technicien en éducation spécialisée?

Est-ce qu’avoir le cancer nous permet d’utiliser le titre d’oncologue?

Est-ce qu’avoir de l’intérêt pour l’alimentation nous rend nutritionniste?

J’imagine vos visages remplis par la conviction qu’il est clair que non…

Je continue.

Un urgentologue est-il un pédiatre?

Est-ce qu’un clinicien est un chercheur?

Tous les psychologues sont-ils habilités face au syndrome de stress post-traumatique?

Est-ce que tous ceux qui s’expriment aux actualités sont des “experts”?

Est-ce que tous ceux qui inscrivent “spécialiste” à côté de leurs noms en sont vraiment?

Comment s’y retrouver?

En s’y intéressant et en questionnant. Tout simplement.

Alors que jamais on n’accepterait un traitement de physiothérapie par un facteur, on accepte d’ouvrir notre vie, notre âme, notre santé mentale à cette personne qui, dans un élan d’altruisme, a décidé de se créer un site web se nommant “spécialiste du bien-être”.

La santé mentale invite-t-elle davantage à l’improvisation? La santé mentale est-elle si peu importante pour accepter sans chercher plus loin?

Des intervenants très compétents il en existe. Des généralistes qui ont poussé leurs connaissances sur des réalités et des problématiques aussi. Mais des gens qui se disent spécialisés parce qu’ils ont le savoir, qu’ils ont vécu, qu’ils ont suivi des formations, qui lisent sur le sujet sont aussi nombreux.

Il est temps de se questionner.

Qu’est-ce qu’un expert en santé mentale?

C’est un professionnel qui dispose de connaissances et d’expériences pratiques approfondies dans un domaine déterminé et qui le rend apte à donner des avis sur ce sujet.

Hier, c’était un jour triste pour moi. Hier j’ai appris qu’une personne, qui a suivi une formation donnée par moi et qui a trouvé beaucoup d’inspiration dans mon expérience professionnelle a fait une “intervention” sans en posséder la qualification. Une intervention pointue qui exige un protocole. Une intervention qui impose un filet de sécurité. Une intervention qui peut fragiliser et même avoir des conséquences importantes. “J’ai été formée par Josée Masson, je suis habilitée à le faire”, a-t-elle mentionné. AVIS À TOUS : JE NE FORME AUCUN SPÉCIALISTE. Sauf les intervenants de mon équipe de professionnels qui m’entourent. Par mes connaissances et mon expérience clinique de 25 ans, j’offre des outils aux intervenants pour qu’ils comprennent mieux, pour qu’ils réfléchissent à leurs mots, leurs gestes…en espérant qu’ils aient le jugement pour reconnaître leurs limites. Considérez que JAMAIS, après 14 heures en compagnie d’un formateur aguerri, les gens ne deviennent des experts. JAMAIS. C’est un danger de croire ça.

Un danger pour ceux qui ont besoin d’aide. Un danger pour la société.

Hier, j’ai vécu le pire moment que j’anticipais vivre. Celui de l’usurpation J’en avais déjà vécu plusieurs dans les dernières années mais hier, j’ai ressenti le besoin d’écrire DANGER! Deuil-Jeunesse n’est pas le seul organisme qui vient en aide aux endeuillés. Deuil-Jeunesse a construit son expérience au fil des années, expérience qui est portée dans le souci du professionnalisme et de la formation continue. Nous n’avons pas la prétention de tout savoir, nous évoluons au rythme des gens qui nous font confiance. Nous avons le souci que chaque mot, chaque action est réfléchie et vise le mieux-être des gens. Nous connaissons nos limites.

L’expertise ne se calcule pas en amour de l’autre ni en désir de faire pour l’autre. L’expertise se calcule en expérience, en connaissance, en temps, en formation. Être spécialiste du deuil suppose une formation en relation d’aide et une expérience clinique et scientifique approfondie.

Avoir vécu un deuil ne rend pas spécialiste du deuil. Avoir une formation en travail social, en psychoéducation, en psychologie ou en psychiatrie ne rend pas spécialiste du deuil non plus. Rencontrer des gens endeuillés dans le cadre de notre travail ne rend pas spécialiste du deuil. Être spécialiste ce n’est pas vouloir, c’est savoir. Il faut en mesurer la différence.

Hier, j’ai eu mal, le mal de l’autre, l’incompréhension face à quelqu’un qui ne réalise pas l’impact de ses actions. Hier, j’ai ressenti le sentiment qu’il y a sûrement trop de ces histoires. Alors la chose dont j’ai le pouvoir aujourd’hui c’est de lancer un avertissement assez puissant pour que si vous avez besoin d’un spécialiste un jour, informez-vous, et fuyez si vous n’avez pas de réponse satisfaisante. MOI c’est ce que je ferais.

Josée Masson,
Travailleuse sociale
Fondatrice et présidente-directrice générale de Deuil-Jeunesse