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La traversée de l’ombre

Bonjour!

Je m’appelle Christine Brunelle et j’ai 41 ans. Mon unique soeur est décédée à l’âge de sept ans, à cause d’une crise d’asthme. Moi j’étais âgée de 2 ans et demi. Cet événement de vie, cette perte vécue à un si jeune âge, m’a projetée sur un long chemin d’embûches, d’incompréhension et de souffrance. Cela m’a aussi amenée à vivre dans un
monde à part, dans une bulle inaccessible, que je me suis créée moi-même.

Pourquoi? Parce que j’étais une jeune enfant lorsque c’est arrivé, et parce que personne, dans mon entourage, n’a songé à ce que je vivais et ce que je ressentais face à la mort de ma soeur. Les gens autour de moi, surtout mes parents, vivaient aussi dans leurs propres bulles et tentaient de gérer leurs propres douleurs du mieux qu’ils le pouvaient.

Il n’existait pas de ressources comme Deuil Jeunesse, dans les années ’80. Du moins, pas à ma connaissance. Les gens étaient donc confrontés à vivre leur souffrance et leur deuil, isolés. Surtout ceux qui ne possédaient pas un grand réseau. Les enfants, comme moi, qui perdaient un membre de la fratrie ou bien un autre membre de la famille, étaient laissés à eux-mêmes. Du moins, c’est ce que moi j’ai vécu.

Je peux dire aujourd’hui, que je suis une survivante. Surtout que mon cheminement s’est avéré long. Je peux affirmer que perdre ma soeur si jeune m’a fait sentir différente toute ma vie, jusqu’à maintenant.

Dans mon enfance, lorsque les gens me demandaient si j’avais des frères et des soeurs, un lourd sentiment de honte m’envahissait. Je me sentais honteuse de dire que j’avais une soeur, mais qu’elle était morte à l’âge de 7 ans. Je me sentais obligée de dire la vérité et cela me mettait beaucoup de pression. J’avais également peur d’être pointée du doigt et qu’on se moque de moi. J’étais juste une enfant et je ne savais pas comment agir. Je faisais face à cela toute seule.

J’avais honte de le dire, mais la mort me dégoûtait. J’avais également honte que cet événement se soit produit dans ma famille. J’associais la mort à une malédiction qui allait me stigmatiser jusqu’à la fin de mes jours. Je trouvais la mort laide et épeurante. En même temps, la mort me fascinait et je souhaitais moi aussi mourir. Tout était confus dans ma tête d’enfant. J’étais en colère après la mort, car elle m’avait volée ma soeur.

Toutes ces pensées contradictoires me faisaient ressentir une grande culpabilité. Je me sentais égoïste de penser que je voulais mourir et que la mort m’avait volée ma soeur. Je me sentais indigne de ressentir de telles émotions.

De plus, je devais faire face aux questions et aux commentaires des gens tels que : De quoi est-elle morte? Ça a dû être terrible pour tes parents? Moi j’étais prise là-dedans, sans savoir comment gérer mes propres émotions, sans comprendre quel était mon rapport avec la mort et ignorant que j’avais un deuil à vivre.

J’ai navigué seule ainsi longtemps. Je vivais comme une morte-vivante, endormie et engloutie dans une profonde peine refoulée et ressentant constamment un immense vide. Un jour, tout cela a rejailli et m’a amenée sur le chemin ténébreux de la dépression. Un long chemin de détresse profonde, qui s’est étalé sur plus de 20 ans.

Avec beaucoup d’amour, de patience, de pardon et d’introspection, j’ai réussi à me guérir en partie et à ne plus voir cet événement, la mort de ma soeur, comme étant laid, honteux et dégoûtant. Je me suis réconciliée avec la vie et j’ai compris que cet événement avait été pour moi un ami, un enseignant qui a forgé la belle personne que je suis aujourd’hui : compatissante, empathique, bienveillante, sensible et résiliente.

Je suis en paix aujourd’hui avec le passé.

Merci et gratitude pour cet événement qui m’a enseigné très jeune ce qui est essentiel dans la vie.

CHRISTINE BRUNELLE

Deuil jeunesse