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« Cannelle s’est enfuie, on ne la reverra jamais… »

La petite Irène revient de l’école. Habituellement, elle entend Cannelle dès qu’elle franchit la porte. Cet après-midi, pas de petits aboiements, pas de Cannelle… Le cœur d’Irène bat vite, elle ne comprend pas et crie le nom de son caniche de tous ces poumons. Sa mère vient vite la rejoindre et lui explique que ce matin Cannelle s’est enfuie et n’est pas revenue. Irène remet son manteau et demande à sa mère de partir immédiatement à sa recherche. Maman lui répond qu’elle ne reviendra jamais. Irène résiste… Maman nous appelle en chuchotant et nous demande : «Comment lui dire que son animal de compagnie ne reviendra jamais sans lui dire qu’elle est morte ? »

Plusieurs rendez-vous d’euthanasie sont prévus sans que les jeunes en soient informés. Il est si facile d’évoquer la fuite : c’est beaucoup moins engageant, mais dans le cœur du jeune c’est un abandon souvent difficile à comprendre. Sa Cannelle, celle avec qui elle joue, à qui elle se confie, avec qui elle se colle lorsqu’elle est triste ou malade, l’avait-elle abandonnée comme ça sans prévenir ?

Cet appel logé par la maman d’Irène est commun à Deuil-Jeunesse : il y en a eu une cinquantaine dans la dernière année. La perte d’un animal de compagnie est souvent le premier contact avec la mort. Parfois, c’est doux, car le lien était peu significatif et dans ces cas, les parents ont moins tendance à cacher la vérité. En revanche, à d’autres occasions, cette mort fait mal et elle exige une grande adaptation. À ce moment, c’est un deuil.  

Reprenons notre histoire au point de départ. La semaine avant cette journée fatidique, Irène a une discussion sérieuse et franche avec ses parents. On lui dit que Cannelle se fait vieille, elle a 12 ans, et n’est plus comme avant. Le vétérinaire a remarqué qu’elle a des douleurs qui semblent la faire souffrir de plus en plus et sa vitalité n’est plus au rendez-vous. Les parents d’Irène lui disent qu’il n’y a pas de traitement pour soulager Cannelle. Ils ajoutent que la meilleure option pour leur chienne est l’euthanasie. Irène est très triste, elle profite de tous les moments avec sa Cannelle jusqu’au jour où on doit lui dire « au revoir ». Ce jour-là, Irène ne va pas à l’école, elle accompagne son caniche chez le vétérinaire. Elle la caresse un long moment en lui parlant tout bas. Ce soir-là, au retour à la maison, elle a beaucoup de peine, elle n’a pas d’appétit, elle ne crie pas son nom et ne la cherche pas, car elle sait que sa petite Cannelle ne reviendra jamais : elle est morte. 

De ces deux scénarios, avec lequel êtes-vous le plus confortable ? 

À Deuil-Jeunesse, nous défendons le droit à tout être humain d’avoir accès à sa vraie histoire. Nous ne pourrions soutenir Irène qui attend le retour de Cannelle, mais nous pouvons soutenir Irène dans les émotions reliées à sa mort. Que ce soit un frère, une sœur, un parent, un grand-parent, une amie ou un animal de compagnie, Irène a le droit d’être en deuil.

Josée Masson, fondatrice et directrice générale de Deuil-Jeunesse

Deuil jeunesse