Témoignage de jeunes endeuillés
Témoignage de Laurie
Laurie*, 14 ans, endeuillée de sa grand-mère, de son oncle et de son animal de compagnie
*Suite au consentement du partage de son expérience, la personne aidée a préféré préserver son intimité, donc ce prénom est fictif.
Q: Quelles réactions as-tu observé chez toi suite au deuil?
R: J’ai commencé à être plus stressée. Le deuil a influencé ma vie. J’étais moins là, j’écoutais moins et je ne savais plus trop j’étais qui. J’avais de la difficulté à me retrouver.
Q: Voulais-tu de l’aide au début de ton deuil?
R: Non. Je ne sais pas pourquoi. J’avais peur que les gens ne me comprennent pas. J’avais l’impression d’être seule avec mon problème et que personne ne pouvait m’aider.
Q: Qu’est-ce qui a été aidant dans ton deuil?
R: J’ai reçu une couverture avec une photo de mon animal décédé. J’étais heureuse. Je garde cette couverture. Elle me réconforte. C’est comme si mon animal était encore avec moi. Aussi, j’ai parlé de mon deuil avec ma mère et ça me réconfortait parce que, finalement, je réalisais que je n’étais pas seule là-dedans. Voir mon intervenante à Deuil-Jeunesse m’a aidé. Elle me donnait des trucs. J’ai compris que je devais le vivre et ne pas le garder pour moi-même quand ça n’allait pas pour éviter que cela s’aggrave.
Q: Que dirais-tu à un jeune qui se demande si c’est une bonne idée d’accepter l’aide professionnelle, qui hésite?
R: Accepter l’aide professionnelle peut aider à comprendre qu’on n’est pas seul, que c’est un moment à passer et aller chercher de l’aide permet de surmonter. On a le droit d’en parler, tout le monde vit le deuil, c’est normal d’en parler.
Q: Quels conseils voudrais-tu donner aux jeunes endeuillés?
R: Vivre le moment présent. Lâcher la pression. Parler à un proche. Essayer de trouver un moyen qui fonctionne pour eux pour éviter que cela s’aggrave. C’est une phase, c’est temporaire. Le deuil va rester dans ton cœur. Il y aura d’autres deuils donc c’est important d’apprendre à vivre avec.
Témoignage de Marie
Marie, 15 ans, endeuillée de sa mère
*Suite au consentement du partage de son expérience, la personne aidée a préféré préserver son intimité, donc ce prénom est fictif.
Q: Quelles réactions as-tu observé chez toi suite au deuil?
R: Le déni et le vide. Bien que je m’y attendais depuis quelques jours, ça a quand même été un choc. Comme si je ne voulais pas l’accepter tout de suite ou comme si je m’attendais à ce que la personne décédée revienne dans quelques jours.
J’essayais d’agir normalement parce que je ne savais pas comment réagir. En même temps, j’étais fâchée de savoir que quelqu’un qui ne mérite pas de mourir jeune venait de mourir.
Q: Voulais-tu de l’aide au début de ton deuil?
R: Pas vraiment. Je me suis renfermée sur moi-même et j’avais de la difficulté à comprendre mes émotions et à les exprimer, donc je ne savais pas comment aller chercher de l’aide et je ne parlais pas de mes émotions. C’est longtemps après que j’ai commencé à en parler plus facilement, et même aujourd’hui (2 ans et demi après), j’ai encore un peu de difficulté et je suis mal à l’aise des fois quand j’en parle.
Q: Qu’est-ce qui a été aidant dans ton deuil?
R: Parler à des gens proches ou à des personnes ressources. Ça m’a beaucoup aidé à comprendre les émotions que je ressentais. J’ai aussi compris que je n’étais pas seule avec mes émotions et mon deuil.
Aussi, juste le fait de penser à la personne et laisser aller ses émotions quand on est seul peut aider énormément.
Q: Que dirais-tu à un jeune qui se demande si c’est une bonne idée d’accepter l’aide professionnelle, qui hésite?
R: Je dirais que c’est toujours une bonne idée d’accepter de l’aide professionnelle. Ce sont des personnes qui ont les ressources pour aider les gens endeuillés. Ils sont là pour aider les gens à vivre à travers un deuil. Par contre, si on ne se sent pas encore prêt à en parler à quelqu’un d’autre, c’est aussi bien de prendre du temps pour soi-même et de réfléchir.
En parler avec quelqu’un qui ne vient pas de notre entourage direct nous permet d’avoir une opinion différente et des ressources différentes.
Q: Quels conseils voudrais-tu donner aux jeunes endeuillés?
R: Mon conseil serait de ne pas avoir peur d’aller chercher de l’aide et de bien exprimer/ressentir ses émotions. Ce sont deux choses qui sont très importantes et qui peuvent aider plus qu’on le pense. Ça peut paraître difficile au début, mais il faut continuer et il ne faut pas avoir peur. Au final, ça donne toujours de bons résultats.
Témoignage Mathilde
Entretien avec Mathilde, 17 ans, endeuillée de son père
*Suite au consentement du partage de son expérience, la personne aidée a préféré préserver son intimité, donc ce prénom est fictif.
Q: Quelles réactions as-tu observé chez toi suite au deuil?
R: J’étais très mélangée. Je ne savais pas comment réagir. J’avais l’impression que tous les adultes réagissaient de la même façon et que moi je ne réagissais pas comme eux. Je ne réalisais pas comment le deuil pouvait m’affecter. Je me posais la question : maintenant on fait quoi? J’avais une impression de vide dans ma tête.
Q: Voulais-tu de l’aide au début de ton deuil?
R: Non. J’avais l’impression que je pouvais m’en sortir seule. J’avais envie de m’en sortir seule. J’avais honte d’avoir besoin d’aide. Je me disais : c’est mes affaires, je dois m’en sortir seule. J’avais peur que les gens me regardent différemment.
Q: Qu’est-ce qui a été aidant dans ton deuil?
R: Ma famille. Mon intervenante. Moi-même aussi. Ça m’a fait grandir. Moi-même j’ai utilisé des solutions, j’ai appris à mettre mes limites. L’écriture, ça m’a permis de mettre des mots sur mes émotions. Ça m’a aidé à parler de ce que je ressentais.
Q: Que dirais-tu à un jeune qui se demande si c’est une bonne idée d’accepter l’aide professionnelle, qui hésite?
R: Je pense que c’est une bonne idée. Ça aide à trouver des solutions et à parler, mais ça aide aussi à apprendre à se connaître et à savoir où s’en aller avec ça. Ça nous fait réaliser qu’on n’est pas seul. Ça peut aider sur d’autres facettes que le deuil, comme des facettes de ta vie que le deuil a affectées (ex. : les relations avec nos amis, notre famille).
Q: Quels conseils voudrais-tu donner aux jeunes endeuillés?
R: Il faut trouver quelque chose qui te fait du bien quand ça va mal, et ensuite, faire cette chose-là, prendre du temps pour soi et s’écouter.