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Quand la nouvelle tombe… L’ANNONCE!

Il n’y a pas de recette toute faite pour parler de la mort, surtout pas lorsqu’elle vient de frapper. Il y a, entre la spontanéité et les longues réflexions, une sorte de valse fragile. Annoncer la mort d’un être cher, c’est grave. Et pourtant, certaines façons humaines, incarnées, peuvent faire du bien malgré tout. Quand une personne apprend qu’un être aimé est mort et que tout s’effondre, le temps se déforme, les repères s’effacent. Dans ce vertige, la voix qui annonce cette fatale information devient un point d’ancrage, un souvenir qui s’imprime.

Quand c’est possible, et ce n’est pas toujours le cas, il vaut mieux que cette annonce soit faite par une personne significative. Une personne aimée, connue, reconnue. Parce que ces premières secondes marquent un avant et un après. Voici pourquoi :

Pour alléger l’empreinte

Il y a des phrases qu’on oublie. Et d’autres qu’on porte toute sa vie. Quand on nous dit qu’il est mort, qu’elle ne reviendra plus, que c’est arrivé cette nuit, ça se grave en nous. Qui l’a dit? Comment? Dans quel lieu, avec quels mots, quels silences? Quand c’est quelqu’un qu’on connaît, qui nous aime ou nous respecte, cette empreinte reste douloureuse… mais moins froide. Elle a une chaleur. Un visage. Un ton qu’on peut apprivoiser. Et c’est parfois tout ce qu’il faut, dans les premières secondes.

Pour aller au-delà des mots

On entend mieux les mots quand ils viennent d’un cœur qu’on connaît. Une personne significative saura dire les choses dans une langue que l’autre comprend. Elle dira que papa est mort, et non votre père est décédé. Elle saura s’adresser à l’enfant, à l’ado, à l’adulte, selon sa manière d’écouter. Et quand les mots ne suffiront pas, parce qu’ils ne suffisent jamais tout à fait, elle saura offrir plus : un regard, un geste, une présence.

Pour rejoindre la douleur

Quand tout se brise, on cherche un visage, un regard connu, une voix familière, une main. La détresse a besoin d’un port d’attache. Un inconnu, aussi bienveillant soit-il, ne peut pas donner ce repère-là. La personne significative, elle, est déjà là dans la vie de celui ou celle qui reçoit la nouvelle. Elle n’entre pas dans sa douleur : elle la rejoint. Elle ne regarde pas de l’extérieur. Elle s’assoit tout près.

Pour l’empathie

Dire la mort, ce n’est pas courir après les mots. C’est savoir entendre un silence. Avancer si l’émotion monte au lieu de reculer. Faire une pause quand les larmes sortent sans bruit. Une personne significative connaît les contours de la personne à qui elle parle. Elle sait quand expliquer, quand ne rien dire. Elle ne lit pas un scénario : elle écoute pendant qu’elle annonce. Et cette différence-là… elle change tout.

Pour la suite…

Annoncer un décès, ce n’est pas cocher une tâche. Ce n’est pas seulement livrer une vérité cruelle. C’est accueillir ce que cette vérité déclenche. Et surtout, c’est rester.
Rester pour les questions, pour les regards qui cherchent un abri. Rester pour les phrases incomplètes, les silences maladroits, les bras qui tremblent. La personne significative est celle qui ne disparaît pas sitôt la nouvelle lancée. Elle devient un fil tangible et tendre entre l’avant et l’après.

Et si ce n’est pas possible…

Ce n’est pas toujours possible. Il y a des urgences, des réalités cliniques, des distances ou des obligations professionnelles. Et dans ces cas-là, il faut que quelqu’un prenne vite le relais. Que la personne endeuillée ne reste pas seule avec une phrase trop lourde. Que le silence ne dure pas plus longtemps que nécessaire. Et que, dès que possible, une présence pleine de sens vienne se poser là, tout près, pour offrir les premiers pansements invisibles.

 

Josée Masson

Fondatrice et directrice générale à Deuil-Jeunesse

Deuil jeunesse