Procédeuil, quand un rêve devient un essentiel
Il y a des rêves qui dorment en nous pendant des années, comme une idée qui attend le bon moment, les bonnes personnes, le bon souffle. Procédeuil, c’est exactement ça : une idée née il y a longtemps, dans le cœur d’une fondatrice qui rêvait qu’un jour, les milieux scolaires seraient enfin mieux outillés pour faire face à la mort dans leurs murs.
Aujourd’hui, ce rêve est devenu réel. Officiellement depuis le 4 novembre.
Procédeuil est une application unique au Québec, et même au-delà. Elle accompagne les écoles lorsqu’un événement d’exception survient, qu’il s’agisse du décès d’un élève, d’un membre du personnel ou d’une situation qui bouleverse toute la communauté scolaire. Parce qu’on le sait : dans ces moments-là, le chaos a besoin d’un repère, d’une boussole, d’une façon humaine et cohérente d’agir ensemble.
Créer Procédeuil, c’est un peu comme cocher une case importante sur ma bucket list professionnelle. Pas parce que je voulais cocher une réalisation de plus mais bien parce que c’est l’une de celles qui comptent vraiment pour moi. Celles qui changent les pratiques, celles qui allègent un peu les fardeaux invisibles, celles qui respectent les jeunes et les équipes qui vivent l’épreuve.
Je regarde aujourd’hui Procédeuil avec fierté, humilité et gratitude.
Fierté d’avoir osé aller au bout d’un projet qui semblait trop grand.
Humilité devant tous ceux et celles qui, dans les écoles, vivront ces moments et trouveront dans cette application un soutien concret.
Gratitude envers mon équipe, les partenaires et les alliés qui ont cru, eux aussi, que le deuil mérite d’être accompagné avec rigueur, douceur et cohérence.
Pourquoi c’était nécessaire
Depuis 1996, j’entends le même cri du cœur dans les milieux scolaires quand un drame survient :
“Qu’est-ce qu’on fait? Qu’est-ce qu’on dit? Par quoi on commence?”
Ces mots, je les ai entendus des dizaines de fois. Et à chaque fois, la même détresse, la même peur de mal faire. Les directions d’école, les enseignants, les professionnels, tous veulent bien faire. Mais la peur de mal faire, l’angoisse devant la contagion émotionnelle possible, la pression du temps, les émotions et l’absence de protocoles clairs rendent ces moments encore plus lourds. On improvise, on panique, on s’épuise. Et trop souvent, les jeunes ou les membres du personnel touchés restent avec des besoins non comblés.
Procédeuil vient répondre à ce besoin criant d’un cadre humain, simple et accessible.
Il ne remplace pas la sensibilité, mais il l’encadre. Il ne dicte pas les émotions, il les accueille. Il offre un chemin clair, étape par étape, pour que chaque geste posé soit cohérent, respectueux et porteur de sens.
C’est une façon concrète d’amener les écoles à faire ce qu’elles font déjà si bien : prendre soin.
Une innovation d’ici, pour les milieux d’ici
Procédeuil n’est pas une idée tombée du ciel.
Elle est née du terrain, des voix de ceux qui vivent ces situations : directions d’école, intervenants, enseignants, partenaires, jeunes. Elle a été pensée, testée et façonnée ici. Plusieurs ont participé à sa création et ce qui la rend unique, c’est cette alliance entre la technologie et l’humain. Derrière chaque élément de l’application, il y a l’idée qui a voulu rendre plus simple ce qui est complexe, plus concret ce qui est flou, plus possible ce qui semble insurmontable.
Une avancée collective
Procédeuil n’est pas “mon” projet, c’est “notre” pas en avant.
Il appartient à toutes les écoles, à toutes les communautés éducatives qui choisiront de l’adopter, de se l’approprier, et d’en faire un réflexe. C’est un outil qui fait gagner du temps, oui, mais surtout du sens. Il symbolise ce que je souhaite depuis mes débuts avec Deuil-Jeunesse : qu’on parle de la mort autrement, qu’on accompagne les deuils avec compétence et bienveillance, qu’on arrête d’avoir peur de faire ce qu’il faut faire.
Et après?
Procédeuil est un début, pas une fin.
C’est un ancrage solide, mais aussi une promesse : celle de continuer à créer des outils qui rendent les milieux plus humains. Parce qu’au-delà des protocoles et des applications, il y a toujours une histoire, un visage, un jeune, une équipe.
Et si cette application permet à une seule école, un seul jeune, une seule direction de se sentir un peu moins seule dans l’épreuve, alors tout ce travail, toutes ces années, tous ces doutes auront eu un sens.
Josée Masson
Fondatrice et directrice générale à Deuil-Jeunesse
