« On pensait que c’était le grand-papa »
C’était un mardi, juste avant la relâche et peu de temps avant le COVID-19. Mais ça n’a rien à voir avec la pandémie. Ça a à voir avec les adultes qui ne comprennent pas, et honnêtement, ça en est presque devenu une épidémie.
Donc, ce mardi-là, un papa a laissé un message à l’école : « Juliette sera absente quelques jours pour un décès important ». Les gens de l’école savaient que le grand-papa de Juliette était malade. Ils se sont dit que c’était sans aucun doute son grand-papa. Les jours ont passés. Il y a eu la relâche. Et Covid. On a oublié…
Mais un avis de décès a réanimé la mémoire : le décès ce n’était pas le grand-père de Juliette, c’était sa maman. Oh non!!!!! Alors on remue ciel et terre pour lui offrir de l’aide malgré l’école fermée et la distanciation sociale. On s’attriste de ne pouvoir la soutenir. Mais on pouvait la soutenir! On l’a juste pas fait car on pensait que c’était son grand-père! Et même si c’était grand-papa, pourquoi il aurait été moins opportun d’aider… parce qu’il était vieux ou moins important?
Mais qui sommes-nous devenus pour décider de la tristesse de l’autre?
Il vient d’où le réflexe de décider que si c’est le grand-papa on n’appelle pas Juliette pour voir comment elle va?
Qui a dit un jour qu’on n’est en deuil seulement lorsque les autres le décident?
En formation, à des gens de toutes professions, des gens accumulant beaucoup d’expérience, je montre deux visages : une vieille dame et une jeune maman. La question est simple : « Auriez-vous le même visage devant chacune si je vous dis qu’elles sont mortes? » « Regarderiez-vous un jeune de la même façon selon s’il est endeuillé de sa grand-mère ou de sa mère? ». C’est simple mais les réactions me confirment, avec parfois une certaine timidité : Non!
C’est pour ça que beaucoup d’endeuillés, jeunes et moins jeunes, en arrachent actuellement. Parce que les expertises improvisées créent des conséquences qui s’ajoutent à leur deuil. Je vous entends dire, oui mais Josée, quand même, une mère versus une grand-mère… Peut-être pour vous, mais est-ce ainsi pour tout le monde? Il n’y a aucune généralité dans le deuil. Il n’y a que des histoires uniques.
Un conseil, ne décidez JAMAIS de ne pas appeler un proche endeuillé ou de ne pas vous présenter aux rites funéraires parce que vous jugez que « c’est moins pire ou moins grave que si c’était une autre personne ». Ne vous donnez JAMAIS le droit de ne pas appeler Juliette parce que c’est son grand-papa, faites-le car seule elle saura vous traduire si c’est important.
Je vous donne un activité à faire, en ce temps d’isolement, pensez à une personne importante pour vous, une personne qui a un jour approché ou lointain vécu la mort d’un être cher. Osez lui demander si ces temps-ci elle pense beaucoup à cette personne… Vous verrez, vous ferez la différence dans sa journée. Et si vous avez besoin d’approfondir ce thème, appelez-moi, on vous confectionne des conférences virtuelles fort intéressantes qui sauront vous sensibiliserJosée Masson
Fondatrice de Deuil-Jeunesse
N’hésitez pas, Deuil-Jeunesse est là pour vous, de partout au Québec 1-855-889-3666.