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« Moi, je n’ai pas besoin d’un arc-en-ciel mais de sa voix »

Ayant perdu mon père très jeune, le deuil fait partie de ma vie depuis longtemps et même si nous en parlons de plus en plus, ce sujet comporte encore plusieurs tabous. Tout d’abord, les jeunes enfants ne comprennent pas le fait qu’un parent puisse décéder. Dès l’école primaire, je faisais face aux nombreuses incompréhensions de mes amis qui se demandaient pourquoi mon père ne venait pas me chercher à l’école. Je devais leur expliquer que mon papa était au ciel et qu’il ne reviendrait pas. Cela ne répondait pas à leur question puisque le « ciel » est une destination plutôt imaginaire.

Il y a aussi eu les nombreux bricolages pour la fête de pères qui enchantaient beaucoup mes camarades de classe. Par contre, pour moi, cela signifiait que je passerais cette fête, une fois de plus, sans mon papa. Je devais, par ailleurs, participer à ces activités de bricolage que je faisais, alors, pour mon grand-papa. Je vous épargne les nombreuses questions que les élèves de ma classe me posaient à ce sujet.

Par la suite, à l’adolescence, plus de gens ont vécu la perte de quelqu’un qui leur était cher, alors le deuil est beaucoup mieux compris. Cependant, c’est un sujet beaucoup plus difficile à aborder. En effet, mes amis n’osaient pas me parler puisqu’ils anticipaient que parler de mon père me rendrait triste. D’autre part, le deuil n’apporte pas seulement de la tristesse, comme la majorité des gens le pense. Il peut aussi apporter de la joie puisque parler des gens que nous aimons et raconter les souvenirs les plus cocasses que nous gardons en mémoire, nous rend fiers et heureux. Pour ma part, parler de mon père à mes amis me rendait fière et me mettait le sourire aux lèvres.

De plus, l’adolescence est tout de même une période plus difficile à surmonter, puisque plusieurs grandes choses se produisent. Par exemple, lors de mon choix d’école secondaire, je n’ai pas pu faire la visite de celle-ci avec mes deux parents. Cela peut paraître banale, mais ce choix était plutôt stressant pour moi et j’aurais aimé que mon père soit là pour m’aider.

En outre, mon papa n’a pas pu être présent et me démontrer sa fierté lors de la remise de diplôme d’études secondaires, comme tous les papas que je voyais qui avaient les yeux dans l’eau. Pour me consoler de ces peines, les gens me disaient qu’il me regardait et était fier de moi d’en-haut, mais ce n’était pas cela dont j’avais besoin d’entendre. Tout ce que je voulais à ce moment, c’était d’avoir mon père à côté de moi.

Ce désir est encore d’actualité présentement, surtout en ces temps de pandémie qui peuvent être plus difficiles. Pour moi, ce n’est pas un arc-en-ciel qui me rassurerait, mais plutôt d’entendre la voix de mon père qui me dirait que : Ça va bien aller!

Justine Rochette, endeuillée de son papa à l’âge de 3 ans et jeune ambassadrice de Deuil-Jeunesse