« Je ressens de la colère, de la tristesse et même de la frustration », confie Georges, 68 ans. Ami de longue date de Pierre, ils se retrouvaient deux fois par semaine au salon de quilles depuis 30 ans et partageaient chaque année un voyage de pêche. Mais lorsque Pierre est décédé subitement, Georges s’est senti exclu.

Malgré leur forte amitié, il n’a pas pu dire un dernier au revoir en présence du corps de Pierre, car seuls les membres de la famille proche y ont eu accès. « Pourquoi n’ai-je pas eu ce droit? », se demande Georges, qui appréhende déjà les parties de quilles sans son ami.

Lorsqu’un décès survient, la première attention se tourne naturellement vers la famille. Les congés de deuil, par exemple, sont souvent définis en fonction du lien de parenté. Les bijoux funéraires ou l’urne sont généralement destinés aux proches. Mais qu’en est-il des amis, collègues ou voisins qui ont aussi partagé des moments significatifs avec le défunt?

Un collègue peut avoir passé des dizaines d’heures par semaine avec la personne, parfois plus que sa propre famille. Pourtant, ces relations importantes sont souvent négligées lors des rites funéraires. Pour beaucoup, le sentiment de ne pas être inclus dans ces moments d’adieu peut être une grande déception.

Un dernier au revoir, en présence du corps avant la crémation ou l’inhumation, est souvent essentiel pour aider à accepter la réalité de la mort. C’est un geste qui ne doit pas être réservé uniquement à la famille, mais ouvert à toutes les personnes significatives dans la vie du défunt.

Les rituels funéraires sont une occasion de célébrer l’ensemble des relations qui ont enrichi la vie de la personne décédée. Ils ne se limitent pas à un lien familial; ils honorent aussi les liens d’amitié, de travail et de voisinage.

Alors, lorsque vous prenez des décisions pour un proche décédé, réfléchissez à toutes les sphères de sa vie. Ouvrez ces moments à ceux qui ont partagé des instants précieux avec lui. Les rites funéraires n’offrent pas de seconde chance : ils sont uniques et doivent permettre à chacun de rendre hommage à sa manière.

Josée Masson

Fondatrice et directrice générale de Deuil-Jeunesse