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« À CHACUN SA FIN DU MONDE »

Mila a 8 ans, elle vient d’apprendre la mort de sa grand-mère. Mamie Raymonde habitait à 8h de route, elle ne la voyait qu’à Noël généralement. Mamie Raymonde et elle partageaient un lien très fort malgré cette distance et la fréquence de leurs rencontres. Elle vit difficilement la mort de sa grand-mère et pour son entourage, elle réagit un peu trop intensément.

Abigaëlle a 11 ans, son père vient de se suicider. Elle voit sa mère déconfite par la mort de son père et se retient pour ne pas faire plus de peine à sa mère. Pour être forte comme ceux qui l’entourent lui ont dit d’être, donc elle fait LA FORTE! Tout le monde trouve qu’elle fait bien ça dans les circonstances.

Mirko a 7 ans, il vit la mort de sa mère, atteinte d’un cancer depuis qu’il est né. Il l’a toujours connu comme une mère fragile, malade et peu disponible. Depuis la mort de sa mère, il ne comprend pas pourquoi tout le monde pleure et parle de lui comme s’il n’était pas là « pauvre petit homme, perdre sa mère à 7 ans c’est quelque chose… » C’est comme si les gens voulaient qu’il pleure, qu’il soit triste, mais lui, il se sent plutôt libéré de ne plus voir sa maman souffrir. Il l’aimait beaucoup. Il a perdu sa mère, mais pas ses repères. Au fil du temps, il a développé un lien sécurisant et de confiance fort envers ses voisins toujours disponibles pour lui, tout comme son père.

Pour Mila, c’est gênant et honteux de se faire dire « bien voyons ma belle, tu ne la connaissais presque pas Mamie Raymonde, t’es donc bien sensible ». Pourquoi devrait-elle doser sa peine? Plusieurs diront que c’est bien moins grave de vivre la mort de sa Mamie que de son papa ou sa maman et le problème, il est justement là! Pour Abigaëlle, ceux qui l’entoure sont dans le tort, elle est démolie à l’intérieur. Son père lui manque à l’infini, mais elle doit jouer à paraître forte. Est-ce que quelqu’un lui a demandé comment elle allait? Comment allait son deuil? De quoi avait-elle besoin? Non personne… Pour Mirko, c’est de la culpabilité qu’il ressent. La responsabilité de devoir être triste et malheureux quand au contraire, ce n’est pas du tout ce qu’il ressent.

Pour Mila, Abigaëlle et Mirko, même sans mauvaises intentions, les réactions de l’entourage sont lourdes à supporter. Pourquoi les gens jugent et imposent-ils ce qui devrait ou ne devrait pas être ressenti ou extériorisé dans le deuil? Comme s’il y avait des barèmes de réactions acceptables selon le lien de parenté avec le défunt.

À chacun sa fin du monde

Se donner le droit de vivre « sa fin du monde à soi », peu importe son âge, peu importe son deuil et accepter d’accueillir sans minimiser « la fin du monde de l’autre », ça n’enlève rien à sa fin du monde à soi… ça fait juste, un monde meilleur!

Dominique Doré
Intervenante de Deuil-Jeunesse